• L’Insee déclasse officiellement les instits

    article original de Lucien Marboeuf lu sur francetvinfo :

    Bien sûr cela ne va rien changer à la réalité, au quotidien des enseignants du primaire. Mais tout de même, la charge symbolique est forte… On est d’ailleurs étonné que l’information n’ait pas plus tourné que ça sur le web, peut-être parce que de source syndicale.

    Statistiques salariales

    Il y a quelques temps la DGAFP (Direction générale de l’administration et de la fonction publique) a publié des statistiques sur l’état de la fonction publique. Il y apparaît que la politique menée depuis une décennie a favorisé le développement des primes et des indemnités, au détriment du salaire indiciaire. Or les enseignants du primaire bénéficient de très peu de primes et indemnités : le salaire effectif perçu par les instits a donc fortement stagné. Un professeur des écoles touche 1660 € nets en début de carrière, 2132 € en milieu de carrière et 2531 € en fin de carrière.

    Profession intermédiaire !

    En comparaison avec les profs de secondaires, qui font des heures supplémentaires (ce que ne peut faire un instit), touchent primes et indemnités en plus d’un traitement indiciaire supérieur, le salaire perçu en milieu de carrière par un instit est de 600 € inférieur chaque mois ! Comparé à un fonctionnaire de police, qui fait peu d’heures supplémentaires mais touche plus de primes et d’indemnités, un instit touche 200 € de moins par mois. Du coup, l’Insee a relégué les instits dans la catégorie des "professions intermédiaires", quand les profs de secondaires restent dans la catégorie des "professions intellectuelles supérieures" ! Instit n’est plus une profession intellectuelle, et moi qui n’ai rien vu venir !... Au-delà de la symbolique des mots, reste cette nouvelle : de tous les profs, seuls ceux du primaire ont été déclassés par l’Insee.

    L’OCDE, déjà…

    Les données de la DGAFP et les modifications de l’INSEE viennent confirmer ce que l’OCDE avait mis en évidence il y a quelques semaines dans ses Regards sur l’éducation 2012 : en France, les instits sont les parents pauvres de l’enseignement, la 5ème roue du carrosse éducatif, et les écarts avec les profs de secondaire sont particulièrement importants. L’étude révélait notamment qu’un prof de primaire enseigne plus de 30% de plus qu’un prof de secondaire (un des plus gros écarts de l’OCDE) ou encore que l’écart entre le salaire perçu par un instit par heure d’enseignement et celui perçu par un prof de second degré est l’un des plus élevé de l’OCDE. Pire, les données de la DGAFP amendent les chiffres de l’OCDE vers le bas. En effet, pour ce qui est des salaires en fin de carrière, l’OCDE fonde son étude comparative sur le traitement maximal. Or, dans les faits, seuls 3,42% des instits terminent leur carrière à l’échelon terminal ! Autant dire que les chiffres annoncés par l’OCDE dans ce domaine sont loin de la réalité.

    Morosité

    La grogne des instits, ces derniers temps, est parfois mal comprise, y compris par les autres corps de l’enseignement, qui voient trop rapidement les mouvements d’humeur du premier degré comme relevant de la réaction, voire de la plainte. A chacun sa réalité, qui ne permet pas toujours de voir celle de l’autre. On sous-estime largement, à mon avis, le malaise des enseignants du primaire : leur net déclassement, hier de l’ordre du ressenti, aujourd’hui officiellement entériné, est une des raisons non pédagogiques majeures à l’actuel état des troupes : morose. Très, très morose.

     

     


  • Commentaires

    1
    Jeudi 29 Novembre 2012 à 07:21

    Oh! Punaise! Même l'INSEE nous porte un méchant coup!

    2
    Anissia
    Mercredi 5 Décembre 2012 à 21:54

    J'avais lu cette info aussi ! La coupe commence vraiment à être pleine. Perso, grosse déception pour moi à l'énoncé du projet de réforme des rythmes scolaires tant attendu, on nous prend vraiment pour des truites ! Autour de moi, j'ai l'impression que beaucoup acceptent leur sort, du coup on se fait manger tout cru à chaque fois! Par contre sur les blogs, je vois qu'il y a un certain nombre de mécontents et ça me fait un bien fou de voir que je ne suis pas la seule à en avoir ras le bol de me sentir dévalorisée dans mon travail !!

    3
    Mitsouko
    Jeudi 6 Décembre 2012 à 13:18

    On nous demande de plus en plus (de travail), et on nous donne de moins en moins (de moyens). Et les clichés sur nous ont la vie dure par dessus tout ça !

    Heureusement que la plupart d'entre nous met du coeur à remplir sa mission, car il y a de quoi jetter l'éponge, le torchon, l'eau du bain et le bébé avec ...

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